Pointe-de-l'Église, Nova Scotia, Canada
Charles Sanders Peirce, écrivant au 19e siècle
et prenant implicitement pour cible le Discours de la méthode
pour bien conduire sa raison et trouver la vérité dans les
sciences de Descartes, renouvelle la réflexion philosophique
sur la notion de « méthode » et, notamment, de méthode
scientifique. Dans le cadre de ses réflexions, Peirce propose une
définition plus générale de la « recherche »
que celle que l'on en donne habituellement et il met en question certains
aspects de la doctrine cartésienne, au sujet notamment de la nature
et du rôle du doute. Peirce propose une sorte de taxinomie des méthodes
de ce qu'il appelle la « recherche » : méthode de ténacité,
méthode d'autorité, méthode a priori et, enfin,
méthode « scientifique ». Dans cette dernière
méthode, que l'on devine bien être celle que Peirce préfère,
Peirce attribue une fonction tout à fait primordiale -- et originale
-- à la notion de « réalité ». C'est,
en quelque sorte, l'inverse de la théorie de la vérité
le plus courante chez les philosophes, qui définit la vérité
comme la correspondance entre une opinion et la réalité.
(Chez Peirce, au contraire, le réel est défini comme l'objet
de l'opinion vraie qui, elle, est définie par la convergence.) L'article
comprend une brève introduction aux contributions de Peirce et de
Descartes à nos traditions intellectuelles, ainsi qu'une analyse
de texte comparative du début du Discours de la méthode
de Descartes et de « Comment se fixe la croyance » de Peirce,
respectivement, ainsi qu'une analyse d'un autre important texte de Peirce,
soit un compte rendu critique d'une édition des oeuvres de Berkeley,
demeuré inédit en français.
La Revue de l'Université Sainte-Anne (1993), pp. 48-72. |
Texte intégral de l'article
Peirce et Descartes : Une question de méthode(s)